Éditions de l’Armançon (commander en ligne)

Ce livre raconte une semaine de la vie de Georges Clerc, quand il avait 23 ans, en juin 1944. Évoquer l’année 1944, c’est déjà évoquer l’Histoire, se rappeler qu’il y a 70 ans, les faits de résistance allaient conduire à la Libération de la France…

Georges Clerc, d’Etalante, a fait partie de ces jeunes maquisards à qui l’on a un jour confié une mitraillette et une mission : mettre des bâtons dans les roues à l’armée allemande (rien que ça !). Durant une semaine, Georges et environ 450 autres jeunes Châtillonnais ont vécu dans les bois au sud de Châtillon-sur-Seine. Les Allemands n’ont pas tardé à les repérer et sont venus, à 2 000 !, les encercler. Ils ont tué 37 résistants. C’est cette bataille de la Forêt de Châtillon du 10 juin 1944 qui est racontée dans le livre, grâce au témoignage de Georges Clerc. Cet ouvrage a été financé par la Communauté de Communes du Pays Châtillonnais et la commune d’Etalante. L’Office National des Anciens Combattants nous a fait l’honneur d’accorder l’homologation “70ème anniversaire de la Résistance”, tant “pour la qualité que pour la pertinence de l’action”.

Extrait :

Le samedi matin à 6 h, nous entendons des fusils mitrailleurs tirer en pagaille. C’est l’attaque du maquis ! Notre groupe, sur la route de Villiers-le-Duc où est maintenant placé le Monument, est frappé en premier. Nous en sommes presque fiers ! L’abbé Garnier nous donne l’ordre de nous lever, ce qui fut tôt fait, car nous couchions tout habillés. Attrapant nos armes, nous sortons vivement de nos guitounes de fortune.
On se demandait ce qui se passait, ce qu’il fallait faire quand tout d’un coup, un Sénégalais arrive avec deux vélos à la main, rigolant comme un bossu. Il nous dit que les Allemands se sont sauvés comme des lapins.
– Où sont-ils ?
– Je ne sais pas, répond le Sénégalais hilare, mais j’ai déjà pris deux vélos et il y en a encore deux autres là-bas, Chef !
– Ce ne sont pas les vélos qui nous intéressent, mais les bonshommes ! Ils étaient combien ?
– Quatre, Chef !
Nous sommes allés ramasser les deux vélos laissés une centaine de mètres plus loin. J’aurais voulu que vous voyiez comme ces bicyclettes étaient équipées : tout le matériel était ordonné, les couvertures roulées sur le porte-bagages, pas un fil qui dépassait ! Ces gens-là avaient de l’ordre !
Les cyclistes étaient ce que l’on appelait des éclaireurs, ils venaient en reconnaissance. Il paraît que c’étaient des sportifs car on nous a dit que du vélo ils ont sauté dans le bois, abandonnant leur engin presque sans toucher terre. Ils étaient envoyés par le gros de la troupe pour rapporter des informations. Les Allemands avaient donc connaissance de notre maquis. Ils avançaient vers nous à quatre pattes dans les fossés.
Nous voilà donc en mission, à une centaine de mètres du monument, sur la route de Villiers-le-Duc. On se déplace un peu au devant, car il fallait avancer, mais on n’osait pas trop aller bien loin car on ne savait pas ce qui pouvait se passer, ni combien ils étaient. Nous étions déployés en tirailleurs, une équipe du côté droit et une équipe du côté gauche de la route, à sept ou huit mètres les uns des autres, armés de petites mitraillettes Sten. Je trouvais qu’elles ressemblaient à des jouets de gosses. La route faisait un dos d’âne. Quand les Allemands sont arrivés au sommet, en rampant, les copains ont réussi à les repousser en leur tirant dessus. Pas moi, parce que je n’ai pas usé une seule cartouche.

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