Les myosotis, en langage des fleurs, veulent dire « Ne m’oubliez pas ». C’est un joli résumé du but que j’ai cherché à atteindre en écrivant ce livre : que l’on n’oublie pas la parole des anciens, leur sagesse. Au Vill’âge Bleu (situé rue des Myosotis !) comme ailleurs, ils ont beaucoup à transmettre aux jeunes générations.

 

J’ai choisi d’organiser un atelier d’écriture au Vill’âge Bleu de Châtillon-sur-Seine parce que c’est une petite structure toute neuve, un peu excentrée, qui ressemble à un petit village dans la ville, avec une salle d’animation... Les conditions étaient idéales pour proposer aux habitants un “atelier de souvenirs”.

Une dizaine d’entre eux se sont lancés dans l’aventure de raconter des histoires du passé : l’école d’antan, la guerre, leurs rêves d’enfants, la vie de famille, les métiers d’autrefois... Il en résulte un livre vivant, parce qu’il est présenté sous forme de conversations, et pittoresque car il raconte les histoires du terroir sur “notre” territoire : Sainte-Colombe-sur-Seine, Châtillon-sur-Seine, Saint-Marc-sur-Seine, Brion-sur-Ource, Vanvey, mais aussi Dijon et la Réunion ! On y retrouve quelques noms d’artisans, d’instituteurs, d’associations du secteur...

Cet ouvrage a été financé par La Mutualité Française Bourguignonne, le Lions Club de Châtillon-sur-Seine et la Fondation CNP Assurances. Le projet a été porté par l’association de la Voix au Chapitre.

Extrait :

Marie. – Et vous Régine, de quel métier rêviez-vous quand vous étiez petite ?

Régine. – Eh bien en fait, on a eu pas mal de problèmes parce que c’était un peu la guerre quand j’étais petite. On pouvait rêver tant qu’on voulait, on n’avait pas tellement le choix, même dans l’après-guerre. J’adorais la musique, d’ailleurs comme je l’ai raconté, j’avais écrit à Dijon à Paul Beuscher pour essayer d’apprendre à jouer d’un instrument mais cela n’a pas pu se faire… Je me suis un peu rattrapée grâce à la chorale de Châtillon, rue du Recept, avec M. Lerat, directeur de l’école libre. C’était une belle chorale d’une cinquantaine de personnes et parfois plus. Il y formait beaucoup de monde. J’ai pu pendant quelques années la fréquenter et cela m’a rapprochée de ma passion pour la musique. J’ai joué du pipeau et de l’harmonica. Les autres instruments et les cours coûtaient trop cher. Nous allions chanter à toutes les premières communions et aux fêtes religieuses. Nous étions donc tout de même dans la musique. Il y avait une Châtillonnaise, Jacqueline Cormier, qui était ténor. Je la vois encore de temps en temps. Elle avait une voix inimitable ! C’était merveilleux. Un peu plus tard, j’ai dû mettre un peu de côté ma musique, car cela coûtait très cher. J’ai connu d’autres choses agréables aussi. Maintenant je me dis que si j’étais arrivée au Vill’âge Bleu vingt ans plus jeune, je serais allée à la chorale des Cent Voix. Aujourd’hui, je n’oserais plus me montrer parce que j’ai un problème de gorge qui ne me permettrait pas de chanter en chorale, où il faut vraiment y mettre du sien.
Puis l’après-guerre est venu, il a bien fallu faire quelque chose et ce fut la couture.